ARCHITECTE
Dessinée par Eric Tabarly
Construit en 1967 au chantiers de La Pérrière à Lorient.
Champion du RORC
Avec ses 17,45 m de long, Pen Duick III a été conçu pour répondre au règlement de jauge du RORC qui arbitre les différentes courses anglaises se disputant avec équipage au temps compensé. Conçu en 1966, Tabarly compte également pouvoir utiliser ce bateau pour la Transat en solitaire anglaise de 1968. L’aluminium utilisé pour sa construction n’est pas habituel pour l’époque, mais le skipper des Pen Duick n’y voit que des avantages. Dans la lignée du contreplaqué léger qui a servi à Pen Duick II, l’aluminium allie la recherche de légèreté, la facilité et la rapidité de construction, et la solidité. Sa coque tulipée à l’avant, plutôt large au maître-bau, possédant plusieurs bouchains et très fine à l’arrière, est planante. C’est un des premiers bateaux océaniques à planer au vent arrière par forte brise. Sa quille, formée d’un aileron portant à son extrémité un lest en plomb, et son gouvernail séparé, renforcent les allures de près. Quant à son gréement, il est le seul de toute la flotte de 1967 à posséder la configuration d’une goélette avec deux mâts de hauteur identique. Tabarly, dans le cadre de la jauge, a imaginé un gréement évolutif: grande misaine à bordure libre pour le largue et le vent arrière, petite misaine lattée pour le près. Sous spi, ce bateau de 13,5 tonnes porte une voilure totale de 320 m2, une surface très importante pour l’époque. Il va écumer la Manche et remporter les sept courses habituelles du championnat dont le Fastnet toutes classes. Il gagne ensuite la grande classique australienne entre Sydney et Hobart. L’équipage victorieux des antipodes est le plus jeune de la course avec 22 ans de moyenne d’âge. Cette stupéfiante moisson de l’équipage français n’avait jamais eu de précédents dans l’histoire de la course au large ! Suite à cette nette domination, le règlement de jauge du RORC pénalisera lourdement le gréement des goélettes la saison suivante ! Pour cette raison, Tabarly modifie le gréement de son troisième « Pen Duick ». Il courra en ketch (1968), puis en sloop avec un seul grand mât (1971), mais sans connaître le triomphe de sa première année.
Eric Tabarly continue de naviguer à bord du Pen Duick III dans le Pacifique entre Los Angeles et Tahiti, dans l’Atlantique sud entre Cape Town et Rio de Janeiro, en Méditerranée dans la Middle Sea Race ou en Floride pour les épreuves du SORC. Puis il met son sac sur d’autres Pen Duick afin de s’attaquer à d’autres défis.
La seconde vie de Pen Duick III
La chère goélette demeure la propriété de Tabarly, mais elle est confiée à d’autres skippers. Ils vont devenir célèbres et allonger un sillage époustouflant. Marc Linski - disparu en mer en 1996 à bord de son bateau - l’utilise longtemps pour son école de croisière. Il passe le Horn à son bord en revenant du Pacifique. Eric Loizeau court la seconde Whitbread 1977/78 sous le nom de Gauloises II. En 1978, c’est au tour de Philippe Poupon de disputer la Route du Rhum à bord de Pen Duick III baptisé « St-Malo - Pointe-à-Pitre » pour la circonstance. Il fera équipe l’année suivante avec Patrick Tabarly dans une Transat en Double vers les Bermudes et retour. Benoît Sangnier fait ensuite naviguer le bateau en école de croisière durant cinq ans, suivi par Arnaud Dhalenne de 1984 à 88. Quant à Jean-François Coste, il effectue, à bord du bateau mythique rebaptisé « Cacharel », le tour du monde sans escale en solitaire dans la course du Vendée Globe Challenge de 1989. Aux mains de Patrick Tabarly, la célèbre goélette ira ensuite flâner pendant deux ans jusqu’en Antarctique. A partir de 2000 et jusqu'en 2009, c’est Arnaud Dhalenne qui l’utilise à nouveau en stage dans le cadre du "Club Croisière Pen Duick".
L’équipage de la goélette
Pen Duick II avait donné le ton, Pen Duick III dont la manœuvre nécessite la présence à bord de sept marins va voir passer sur son pont bon nombre d’équipiers. Certains ont quitté le milieu de la plaisance, mais bon nombre ont fait plus tard leur chemin dans une profession touchant au domaine du bateau. D’autres encore sont devenus des coureurs célèbres. Olivier de Kersauson, mais aussi Alain Colas, ou Jean-Michel Carpentier ont connu les Pen Duick au début de leur carrière. Monsieur Guy Tabarly bien sûr, ainsi que son fils Patrick, Pierre Fouquin ont également été souvent sur le pont avec les "anciens" de Pen Duick II comme Michel Vanek, Philippe Lavat ou Gérard Petipas. Certains nouveaux y ont fait des passages comme Pierre English, Yves Guégan, Victor Tonnerre (le voilier des Pen Duick), Daniel Gilles ... Dans sa seconde vie, et sans la présence de son célèbre maître, Pen Duick III a connu encore bon nombre de skippers et d’équipiers.
Aujourd'hui
Propriété de la famille Tabarly, il est confié en 2009 à l'Association Eric Tabarly qui l'entretient et organise ses navigations.
Après avoir navigué en sloop, en ketch, c'est en mars 2010 qu'il retrouve son gréement d'origine, en goélette, grâce à l'Association Eric Tabarly.
© Daniel Gilles
Actualisation décembre 2018
De ses deux premières places en sélection de l'équipe de France pour l'Admiral's Cup à sa participation au 25ème anniversaire de la Nioularque à Saint-tropez, retrouvez les grandes dates de Pen Duick III
"Un mot me vient pour le qualifier : harmonie. C’est un bateau aussi agréable pour la balade à la journée, avec pique-nique au bord d’une crique, que pour un tour du monde.
C’est une véritable mobylette tant son gréement fait merveille, permettant par exemple de manœuvrer sous voile dans un port en toute sécurité. Son vrai point fort est le largue, où sa grande misaine lui apporte une puissance impressionnante. Avant le Vendée Globe, mon idée était de changer les appendices. Eric m’a écouté, dubitatif, et m’a dit : - quand ça marche, il ne faut toucher à rien -. Il avait mille fois raison."