Récits et témoignages

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Equipier sur Pen Duick VI en 1973 et 1974

par Antoine Croyère

"Je voudrais, à travers ce court témoignage, évoquer ce qui fut pour moi l’un des traits de caractère d’Eric les plus marquants et les plus riches d’enseignement, la maîtrise de soi.

Nous étions début octobre 1973. J’avais eu le haut privilège de faire partie de l’équipage de Pen Duick VI pour la première Whitbread.

Cela faisait plus de trois semaines que nous avions quitté Portsmouth. Nous nous rapprochions du Tropique du Capricorne, soit une vingtaine de degrés de latitude sud et nos plus proches concurrents se trouvaient à plusieurs jours derrière nous. Le bateau était au près serré dans 35 Nœuds établis, plutôt surtoilé comme Eric aimait toujours naviguer. La mer était dure et Pen Duick tapait méchamment.

Nous venions de changer de quart… et soudain, c’était peu après minuit, le bateau, qui accusait une gite respectable, se redressa très brutalement. Chacun à bord comprit immédiatement ce qu’il venait de se produire.

Pour Eric, ce démâtage était une vraie catastrophe… Il s’était tellement investi dans ce projet et il était criblé de dettes à cause de Pen Duick VI.

Et pourtant, là où on aurait compris qu’Eric réagisse en tapant du pied, en hurlant ou en se prostrant comme l’aurait fait la plupart des skippers, il organisa calmement les opérations de largage du mat et de mise en place d’un gréement de fortune avant de regagner la table à carte pour étudier la meilleure route à faire et annoncer notre fortune de mer à la BLU et en morse…

Je pourrais aussi évoquer un autre aspect de la personnalité d’Eric : il n’était pas rare, par suite de la maladresse de l’un d’entre nous, qu’une manœuvre soit loupée entraînant par exemple la déchirure d’un spi. Alors Eric lâchait en général « oh, merde alors, les gars faut faire gaffe… ! », mais en ne s’en prenant jamais directement au fautif… Jamais il n’a pris un équipier pour bouc émissaire ; jamais il n’a humilié l’un d’entre nous.

Une telle maîtrise de soi a été, pour le jeune équipier que j’étais alors, une belle leçon de vie qui m’a bien aidé lorsque je me suis moi-même retrouvé face à des responsabilités professionnelles dans des situations délicates."

Equipier sur Pen Duick VI de juillet 1973 à juin 1974

Souvenir d'Eric au Maroc en 1953/1954

par Jean-Louis Poigt

"1953 ou 1954, à Kouribga (Maroc), pendant les dimanches, alors que je n’avais que faire, Eric passait des Heures – sans parler – à construire de toutes pièces des doris – longueur 2 cm – et un ensemble de vergues pour un thonier dont je n’ai pu voir la fin. Très patient je suis resté longtemps derrière lui à observer la minutie de son travail et son calme. Il me savait derrière lui et j’imagine aujourd’hui son petit sourire.

J’ose avouer que son silence et son calme arrivait presque à m’énerver. Il savait pourtant rire, mais jamais pendant qu’il faisait son travail : RESPECT MR TABARLY"

Que sont devenus les Pen Duick ?

par Christophe Bourdy

"Voici le lien de la vidéo :

www.voilesetvoiliers.com/classique-tradition/video/1434/video-voile-programme-pen-duick-eric-tabarly

Vous trouverez  aussi en PJ 2 images que vous pouvez exploiter.

Une est une image simple tirée de la vidéo, l’autre est la même image mais intégrée au lecteur vidéo.

Je reste à votre disposition pour tous renseignements complémentaires.

Cordialement,"

Le 17 mars 2009

Souvenirs

par Xavier

"Alors voilà, je vais essayer de résumer la belle histoire qui m'a été offerte et la chance d'avoir pu connaitre et naviguer pendant plusieurs années avec Eric, inaltérables souvenirs qui marquent une vie.
Tout a commencé au départ de la route du Rhum 90 à St Malo où nous étions avec quelques bons copains: temps de chien, nous obligeant à nous réfugier au bistrot du coin pour nous réchauffer grâce à quelques bières... nous avions 22 ans !
A la table voisine, nous faisons la connaissance de la nièce d'Eric (Charlotte) et la discussion nous amène naturellement à parler ...d'Eric ! Nous apprenons alors qu'il recherche régulièrement des équipiers pour des croisières sur Pen Duick et récupérons son numéro de téléphone.
Quelques temps plus tard, je prends mon courage à 2 mains et l'appelle chez lui à Gousnac'h: 1er choc, je tombe directement sur Eric qui me propose de but en blanc de le rejoindre pour une croisière d'une semaine en Juin à bord de Pen Duick, sans aucune question concernant notre expérience maritime !
Rendez-vous est pris et c'est les jambes chancelantes, les mains moites et tremblantes que nous débarquons avec un de mes amis chez lui : 2ème choc, 1er regard, 1ère et ferme poignée de mains qui scellera notre amitié. Nous embarquons rapidement sur Pen Duick et à peine le ponton quitté Eric nous demande de prendre la barre, ce que je fais après un rapide échange de regard avec mon copain.
Aussitôt Eric hisse seul tout dessus et nous descendons l'Odet, destination inconnue !
Pendant 2 jours, en l'absence de tout ordre, nous l'observerons manier le gréement aurique, nous décidant timidement à l'imiter et tenter de l'aider dans les manœuvres.
Petit à petit, nous sommes entrés dans notre rôle d'équipier, chacun trouvant ses marques...
Nous ferons ainsi le tour de Bretagne, et au moment du retour et des remerciements, je lui propose mes services...s'il pouvait en avoir besoin !
3ème choc, Eric m'a rappelé régulièrement pour de nombreuses croisières, en Bretagne, aux Anglo-Normandes, en Cornouaille anglaise, pour rallier les Açores à l'occasion de la 1ère édition de la route des Hortensias en 92, sur Pen Duick VI aux Antilles pour une croisière familiale en 98... Bref nous étions devenus amis et je faisais parti du noyau dur des chanceux équipiers de Pen Duick.
Bien entendu, toutes ces navigations regorgent d'anecdotes et de fabuleux souvenirs, au hasard desquels:
en croisière, nous ne savions jamais le matin où nous partions ...Car je crois qu'Eric ne le savait pas lui-même ! Nous jouions le jeu, ne posant jamais la question, excités par la découverte et ce sentiment de liberté profonde.
Liberté et ses dérivés tolérance et confiance, des mots qui le représentaient parfaitement, tant dans le langage, les échanges que dans la vie à bord: aux escales, chacun faisait ce qu'il voulait, il suffisait d'être là à l'heure du départ sinon le Capitaine appareillait sans sommations ! Ainsi aux Açores nous sommes rentrés à bord de justesse après une nuit blanche et arrosée pour rentrer à Concarneau...
Nous avons ensuite connu un bon coup de vent, magnifique, où nous avons cassé la bôme, aussitôt réparée par Eric par un brélage magistral avant de gréer la petite GV suédoise.
C'est aussi le souvenir de la sous barbe cassée au départ pour les Açores par une collision avec le zodiac de journalistes par 30 nœuds de vent, les malheureux finissant à l'eau et récupérés à bord, puis d'une bastaque cassée le lendemain nous obligeant à relâcher à la Corogne...
Souvenir des belles revues Nautiques qu'il jetait à la mer en demandant: quelqu'un voulait le lire ?
Souvenir d'un échouage (volontaire ?) au fond de la rivière de Falmouth et d'une nuit passée à la gite dans la vase à chanter et boire du Rhum...
Souvenir de rase cailloux, sans GPS dans le brouillard, dans les Heaux de Bréhat, aux Minquiers où à Belle-Ile...
Souvenir du riz au lait à la confiture de cerises, seule préparation culinaire qu'Eric s'autorisait parfois, le reste étant à charge des équipiers !
Souvenir du rituel Châteauneuf du Pape au goulot (Eric ne buvait pas d'eau...), de son quart de Camembert, des Ti-punch biquotidiens préparés par Jacqueline aux Grenadines.
Souvenirs de longues ballades à pied à chaque escales, toujours loin des sentiers touristiques
Souvenirs de festivités où Eric chantait sans cesse et échangeait avec tous, de soirées et de discussions prolongées, bien loin de l'image de taiseux dont on a voulu l'affubler... . Eric discutait au contraire pendant des heures, pour peu que le sujet l'intéressait, obéissant probablement à sa règle de "no contraintes", qu'il partageait si bien, sauf bien sur quand il s'agissait du bien du bateau (entretien etc...)
Souvenir d'une "gueulante" dans un port de Loire Atlantique (dont je tairais le nom par courtoisie) où l'employé zélé du port avait voulu lui faire payer la place et les douches.
Souvenir de l'avoir vu glisser du bout-dehors et l'aider à remonter à l'arrière du bateau...
Souvenir d'un physique impressionnant et de le regarder assis nu sur le pont, la tête en l'air, à regarder son bateau et ses voiles pendant des heures en chantant.
Souvenir de son bonheur et sa complicité partagés avec Jacqueline, Marie, Anne, Jules, en famille et que j'ai eu la chance de partager aussi...
Souvenir de toutes les personnes et les copains rencontrés à bord et revus ou croisés plus tard au gré d'autres escales...
Souvenir d'un bateau fantastique, de sensations magiques, tant dans le regard qu'à la barre comme ses 3 jours consécutifs à plus de 200 Milles par jour, toujours tout dessus et les 2 mains sur la barre tant elle devenait dure à tenir...
Souvenir de journées et nuits passées seul à bord au ponton, parfois à faire le guide pour les passants sur les pontons...
Souvenir de la 1ère nuit sur Pen Duick VI quelques heures après le départ de Fort de France, où Eric m'a confié le 1er quart pour aller se coucher: nous filions tout dessus à 11-13 nds dans l'alizé soutenu, nous n'étions plus que 2 sur le pont, moi à la barre, avec une ses amies qui n'y connaissait pas grand chose à la voile, autant dire que je n'étais pas fier mais quel pied et quel témoignage de confiance à nouveau: tout Eric !
Souvenir de son instinct lorsqu'il réduisait la toile alors que rien dans le ciel ne s'annonçait et qu'irrémédiablement, peu de temps après, le vent forcissait...
Enfin, triste souvenir, lorsque dans la nuit du 12 au 13 Juin 1998 j'ai perdu un véritable copain et celui qui restera à jamais pour moi comme pour tant d'autres, un guide spirituel.

Voilà, c'est surement un peu long bien que très incomplet, ces anecdotes jaillissant au fil de mes souvenirs, mais ça te permettra peut-être d'alimenter la mémoire collective que tu t'efforces de soutenir avec l'ensemble de l'association et je vous remercie encore pour ce formidable travail.

Bien entendu, tu pourras transmettre ces lignes à Jacqueline à qui j'ai écrit récemment et que je regrette de n'avoir pas croisé au Salon.
J'espère qu'on aura à nouveau tous l'occasion de se rencontrer, probablement par l'association.

Bien amicalement,"

Comment j’ai connu Tabarly

par Daniel MONTEIL

"En 1961, je débarque, jeune aspirant de Marine de réserve, à Cherbourg. Parisien ignorant, je découvre la voile dans la rade avec les modestes Snipe du club nautique de la Marine.

On y parle (très peu) d’un hurluberlu inconnu, second d’un dragueur, qui n’inspire guère confiance car cet athlète sort, avec un cotre du temps jadis, quand les autres rentrent… justement parce qu’il y a du vent. C’est Tabarly.

Il accepte à son bord, dit-on, tout équipier de bonne volonté. Mais les amateurs ne se bousculent pas et il sort souvent seul. Je n’ai donc pas d’efforts à faire pour devenir son équipier, malgré mon inexpérience, de juillet à Novembre 1961.

C’est ainsi qu’il lui arrive, quand son dragueur est au port, de passer me prendre au dégagé (16.30) sur sa moto qui crache des étincelles sur les pavés cherbourgeois, pour aller passer la nuit en mer, revenant au petit matin pour l’appel, si le vent le permet car Pen Duick n’a pas de moteur et les courants sont forts. Il a d’ailleurs, dit-il, prévenu son commandant que « dans la marine à voiles, il n’y a pas d’horaires ».

Les week-ends, nous briquons la Manche, faisant escale en Angleterre ou aux anglo-normandes.

C’est ainsi que nous appareillons, pour le week-end du 11 novembre 1961, par un temps idéal pour la voile : 25 nœuds, se renforçant. Escale tranquille à Jersey et nous prenons le chemin du retour.

En débouchant hors de l’abri de l’île, la tempête de nordet, mal annoncée, nous assaille. Le bateau navigue « comme un poisson » dans une mer magnifique, quand cède la bastaque tribord. Obligés de réduire et de relâcher, nous entrons par nuit noire dans St Pierre Port à Guernesey dans des conditions inquiétantes : 75 nœuds de vent (le bateau-feu Goodwin sands a chassé cette nuit- là sur ses ancres),  grand voile coincée à mi-drisse, et un formidable ressac escaladant le quai au fond du port, lui aussi orienté N.E.

Par bonheur l’ancre, qui rague inutilement depuis notre entrée, croche dans un obstacle (elle y est encore) 50 m avant l’issue fatale. Personne ne nous a vus. Eric met alors tranquillement à l’eau son annexe en bois et s’en va, godillant sereinement dans un clapot invraisemblable, chercher une remorque.

La tempête sévit encore deux jours avec une violence inaccoutumée et nous ne pouvons partir que le troisième pour Cherbourg, où notre retard n’étonnera personne.

L’autorité maritime, bonne fille, car la voile et le skipper du Pen Duick n’étaient pas alors un sujet d’admiration, eut la bonté de n’infliger à l’équipier qu’une punition plutôt symbolique, dont il s’honore aujourd’hui dans « la peau de bouc »  présentée à l’exposition Tabarly.

L’exemple du sang-froid et de l’efficacité d’Eric m’est souvent présent à l’esprit quand je franchis la barre d’Etel, sous les signaux frileux du sémaphore, avec la Coquille, mon vaillant petit canot breton."

Souvenir du film "Tabarly" à Bruxelles

par Mc Allouis

 

"Hier, votre film "Tabarly", sortait enfin à Bruxelles ! Bretonne originaire de St Brieuc, je l'attendais !

Je me suis donc libérée pour la toute première séance, pour "l'accueillir ". Pour qu’il "ne soit pas tout seul en quelque sorte ! Mais c'est moi qui étais seule à cette séance de 13h30.un mercredi ! (pas de panique, il  avait du monde qui attendait pour la séance suivante!)

J'ai donc reçu cela comme un cadeau, un privilège que j'ai savouré !

Ce film est sobre, émouvant et tendre, il ressemble à Tabarly : bravo et merci .merci à Pierre Marcel et Yann Tiercen. Il m'a rincée de mes soucis, de cette actualité délirante, il a mis du grand bleu dans mon ciel bruxellois !

Et pour la petite histoire je ne me suis pas gênée pour

Chanter à tue-tête Fanny de Lanninon avec beaucoup d'émotion ! Mais cela restera entre nous..!!

A propos de chanson je crois savoir que Tabarly a parfois poussé la chansonnette avec les marins de la Recouvrance, il  a quelques années je suis allée voir Pen Duick VI à Ostende au rassemblement de bateaux qui a lieu chaque année en mai, aprés une visite émouvante du Pen Duick à 11H du matin. Seule aussi ...je n'avais d'yeux que pour lui !

Je n'avais pas vu que  de l'autre coté du bassin il y avait la Recouvrance !!! Passionnée de photo (en toute simplicité) j'ai voulu photographier la superbe figure de proue, et dans mon viseur j'ai découvert qu'elle était dans l'alignement parfait de Pen Duick ... aucun bateau  entre eux ! Elle semblait me le montrer ! CADEAU aussi ce jour-là !

Je vous joins cette photo.Vous pouvez l'utiliser si vous voulez !

Je vais chaque année à Ostende, j'ai "ouvert les yeux " et suis un peu sortie de mon chauvinisme breton : j'aime tous ces magnifiques bateaux hollandais, des 3 mats aux plus petits, choyés, "briqués", cirés , fleuris par leurs propriétaires à moustaches !...merveilles de la diversité et de l'imagination des hommes ! Tabarly avait raison !

Bon Vent !"

Photo d'Eric lors d'une escale dans l'Hérault

par Roger CAMBOULIVE

 

"Après l’unanime hommage national et international rendu à Eric à l’occasion du 10ème anniversaire de sa disparition, j’ai retrouvé cette photo assez symbolique, bien que modeste.

C’est une photo d’Eric en escale dans le petit port de Mèze (Hérault), non encore ouvert à la plaisance.

Il y est photographié sur un prototype très rudimentaire, fruit des rencontres et des recherches en collaboration avec André Allègre, et qui préparait ce qui allait être Pen Duick IV.

Cette photo était, dans notre club, la Société Nautique du Bassin de Thau, comme une icône représentant les valeurs véhiculées par notre « maître » à tous : la force athlétique, assez légendaire à la manœuvre des spis d’après ses équipiers, le marin et le régatier, les valeurs humaines autour desquelles nous nous étions retrouvés, la modestie et la convivialité au retour au port. Autant de valeurs qui nous avaient rassemblés dans la voile, avant qu’elle ne devienne marché.

Espérant que cette petite pierre ajoutée à l’édifice permettra de perpétuer l’influence qu’Eric pourra avoir sur les générations montantes et la pérennité des valeurs de notre sport.

Amitiés et bon courage."

Roger CAMBOULIVE
Président d’honneur de la Ligue Languedoc Roussillon de Voile
Délégué Régional de SOS Grand Bleu
Correspondant UNCL / IRC
Créateur et mainteneur de La Transmed, plus grande course au large en Méditerranée
Membre de l’Association Eric Tabarly

Souvenir des débats après la projection du film "Tabarly"

par Denis

"Cet été j'ai été sollicité par deux fois pour animer un débat après la projection du film "Tabarly", la première fois c'était à Pornic ou le débat a duré 45mn, il y avait beaucoup de jeunes, la deuxième fois c'était à Préfailles ou je passe mes vacances. Lors de ce débat à Préfailles où la salle était pleine (285 places), un vieux préfaillais (Henri Montagner), ancien compagnon de jeux d'Eric enfant, m'a remis une lettre de témoignage qu'il avait écrite suite à l'appel que j'avais fait en février 2007, en PJ la retranscription de cette lettre.

Un autre spectateur, ancien officier de l'Armée, a souligné un fait que peut-être les amiraux de notre conseil d'administration pourront confirmer, à savoir :

Quand Eric quitte la Marine, les honneurs lui sont rendus en l'amenant dans une chaloupe dont tous les rameurs sont des officiers de haut grade, or cet honneur n'est habituellement rendu qu'aux officiers qui ont eu un commandement en chef à la mer d'un bâtiment de la Marine. Or Eric n'a jamais commandé en chef à la mer un bâtiment de la Marine (sauf erreur), cet honneur qui lui a été rendu est encore plus fort qu'il n'y parait.

A bientôt,"


Témoignage

par E. Dardare

"J'apprécie vos courriers, je les lis tous et, ancien marin, pendant la guerre de:(40) je suis sensible aux efforts qui tendent à donner à la marine en général, dont la pèche et la plaisance et ses gloires dues à notre grand marin Eric Tabarly qui fut et reste une légende dont il fit usage auprès des autorités de notre pays afin de redonner à notre marine sa place dans le monde et puis pardessus ses qualités de marin, sas qualités humaines.  Je ne le connaissais pas personnellement, mais ses livres et ceux des autres, sont unanimes Je suis heureux de constater que son épouse et sa fille s'attache à poursuivre l'œuvre commencés, aidées par de nombreux amis. D'autres que moi ont été plus éloquents, je cesserais donc ce panégyrique, pour vous dire que je suis un homme de 85 ans et ne puis je ne me déplace qu'avec des cannes anglaises ou avec un déambulateur.  Ceci pour vous éviter quelques courriers que je ne suis pas en mesure d'exploiter, Mais, plus jeune, j’aurais été enthousiaste pour participer activement. De toutes façon je vous félicité pour votre action!"

Hommage à Eric

par Marc le Nantai

"Il y a juste 10 ans, je me trouvais en Martinique face à la mer où je goûtais un magnifique lever de soleil. La mer calme scintillait des rayons naissants du soleil. Au loin plusieurs voiliers glissaient devant Fort-de-France. La journée s’annonçait belle et prometteuse.

Le transistor qui jusqu’alors était animé par des airs de zouk allait présenter les nouvelles.

C’est à cet instant précis que j’appris la disparition d’Eric Tabarly.

La mer l’avait arraché du pont de son Pen Duick.

J’étais abasourdi. Après ces instants d’intense émotion vint le temps de la colère et de la tristesse. Comment cette mer, ici tellement bienfaitrice, avait-elle eu raison de l’homme qui avait su si souvent se jouer d’elle et l’utiliser pour marquer les plus belles pages de l’histoire de la course au large!

En ce jour de triste anniversaire je partage modestement et humblement, avec Mme Jacqueline Tabarly, avec sa famille, avec M. Gérard Petipas et avec ses amis, le souvenir d’un homme d’exception qui laissera, à jamais, une empreinte indélébile dans le monde de la voile et de la course au large.

De tels hommes peuvent nous quitter, leur présence demeure.

Profitons de l’association et du merveilleux outil qu’est la Cité de la Voile Eric Tabarly pour entretenir cet appel de la mer et des bateaux.

Cordialement,"

Témoignages autour de la Cité de la Voile

Visiteurs

Messages parvenus à l’association Eric Tabarly à la suite de l’inauguration de la Cité de la Voile Eric Tabarly à Lorient.

Jean-Charles Bossard
« Quelques souvenirs en image de cette magnifique journée Encore merci et bravo ! »

B. Durand

« Merci à toi et à l'Association pour cette reprise de contact qui restera dans ma mémoire. Bravo à tous pour la réalisation de la Cité et l'organisation de cette magnifique  journée. »

Marc Boivin
« Il est des jours qu’il ne faut absolument pas manquer. Le 17 Mai 2008 en fût un. L’arrivée des 5 Pen Duick, suivie de l’inauguration de la Cité de la Voile Eric Tabarly et du discours de Jacqueline Tabarly furent les pts d’orgues de cette fabuleuse journée. Que retenir de cette journée ? Un hommage justifié à un homme d’exception qui fut avant tout : un architecte visionnaire et futuriste de génie qui inventa avant tout le monde les nouvelles techniques en matière d’architecture navale et innova en les mettant en application dans les plus prestigieuses courses au large ; un homme qui nous enseigna que la mer était un élément indispensable à l’homme. Qu’elle   pouvait nous nourrir, qu’elle nous permettait de faire du commerce, de faire circuler des idées, de rapprocher les êtres et de nous donner des loisirs. Qu’il fallait la respecter et rester humble devant elle.

Félicitons et remercions tous les acteurs qui ont contribués à la réalisation de la Cité de la Voile Eric Tabarly, nous  permettant ainsi de posséder et de profiter aujourd’hui d’un merveilleux outil.

A nous, membres de l’Association, de le faire connaître et de le faire vivre.

Remerciements particuliers à Mme Jacqueline Tabarly et à M. Gérard Petitpas. »

 

Gérard Bourgeois
« Merci pour ton accueil à la Cité : mes amis ont été très heureux de la découvrir et ont apprécié le côté très pédagogique de l’exposition. Un rêve réalisé… et qui se poursuit ! »

Joël Grangiens
« Très sincèrement un grand merci pour cette belle journée emprunte d'émotion  d'enthousiasme et de nostalgie..... »

Jean-Yves Deyra
« Un grand merci pour cette journée d'inauguration particulièrement émouvante. J'espère que cette cité trouvera le souffle pour naviguer longtemps et transmettre les valeurs d'Eric aux jeunes générations. »

Cindy Jaffré - Piété
« Merci encore pour cette merveilleuse inauguration et de  tous ces témoignages émouvants. Je suis fière d'appartenir à cette "grande famille Pen Duick" et d'avoir accompagné par ma petite contribution, le projet de la Cité de la voile. Ce fut un honneur d'avoir participé avec beaucoup d'autres adhérents à son inauguration. Ce samedi 18 mai restera inoubliable ! Et aujourd'hui j'ai le sentiment que mon adhésion est encore plus nécessaire pour continuer à voir naviguer les bateaux et pour aider à la réalisation  de beaux projets à l'infini comme notre bel horizon bleu breton. Et pour finir je citerai JF Deniau et tout comme lui je pense que "s'il y avait une justice, notre planète s'appellerait La Mer. Notre vie dépend de la mer". Et je suis,  moi aussi,  reconnaissante à Eric Tabarly de m'avoir fait prendre conscience dès mon plus jeune âge, à mes débuts de navigatrice,  que la mer est une dimension naturelle de notre vie... Alors vive la cité de la mer !  Vive la cité de la vie ! »

Bernard Ronseray
« Encore Bravo à tous pour la formidable organisation et le merveilleux moment que nous avons passé Amicalement je te charge de transmettre!!! »

Claude Courgeau

« Merci à vous à Jacqueline et vos équipes ; c'est grâce sans doute à beaucoup de bonnes volontés que cette journée a été aussi bien réussie. Eric devait effectivement surveiller de très près la météo car à quelques kilomètres il pleuvait ! et abondamment. Au nom de l'association Grand Largue ;(dont Eric est resté avec l'accord de Jacqueline notre président d'honneur).Ceci après nous avoir beaucoup aidé notamment par sa présence à nos côtés et aux cotés des jeunes que nous embarquons. Notre Président Yves Marie FLOCH et son conseil d'administration vous félicitent pour cette très belle journée qui, nous  à une fois de plus prouvé qu'Eric TABARLY était là, tout proche de nous! »

Alain Rousselle
« J'étais à Lorient le 17 mai et j'ai passé une journée fabuleuse comme je le pense l'ensemble des personnes présentes. Je fais partie de la "génération Tabarly" (11 ans en 1964). La cité de la voile est superbe du point de vue architectural, et passionnante par ses apports d'informations. Bravo à l'association pour cette magnifique inauguration, voir tous les Pen Duick (FABULEUX). »

Thierry Macheras
« Je tenais à vous remercier pour cette superbe journée à Lorient pour l’inauguration de la cite de la voile Eric Tabarly, quelle satisfaction que de se retrouver sur ces bateaux merveilleux et de retrouver tout le Monde comme si c’était hier grâce au si sympathique accueil et professionnalisme de Gérard »
 
Ghislaine et  Bertrand
« Bravo pour la parfaite organisation et la qualité de ces moments intenses. Merci d'avoir fait embarquer nos cheveux blancs sur le Pen Duick de notre  jeunesse, cette délicatesse nous a émus et ravis. Encore merci et à bientôt. »

Thierry VANIER
« Merci pour cette bonne idée et cette belle journée, qui m a permis de retrouver des vieux copains. »

Jérôme Croyère
« Un grand merci pour cette journée.
Quel plaisir de se retrouver et de tirer des bords sur Pen Duick VI!
Bravo pour l'organisation!
Merci également d'avoir pu, en avant première, voir ce film juste et très émouvant. »

Bernard Rubinstein

« Encore un grand bravo pour cette belle journée et un grand merci. L'émotion était au rendez-vous dans la joie et la bonne humeur. Rare !
La sortie avec Jacques Perrin, Pipat, et ma pomme fut superbe. »

Amiral Yves Lagane, président de la SNSM
« J’imagine que vous devez être tous les deux en train de « décomprimer ». Peux-tu, s’il te plaît, partager avec Gérard, que je ne sais comment joindre, mes félicitations pour ce magnifique événement qui a été, dans le même temps, un émouvant témoignage d’amitié et un très beau geste de reconnaissance pour tout ce qu’Eric a apporté et qu’il faut continuer à faire vivre ? Je n’ai pu participer qu’au début de l’événement, mais j’ai été très impressionné. Ton Gérard est un « très grand » ! »

Francis Vallat, président de l’Institut Français de la Mer
« Ce fut un sans faute, grand, émouvant et simple… comme lui. Nous, lui et vous devons tellement. Et la cité est un formidable succès… »

 Amiral Pierre Xavier Collinet
« Quelle belle journée ensoleillé à Lorient, réussie en tout point pour ce que j'en ai vu. Le site transformé  est magnifique, l'architecture de la cité de la voile impressionnante de sobriété et de fonctionnalité. L'arrivée au ponton de Pen Duick avec Marie à la barre et son équipage de vieux marins copains de promo d'Eric très émouvante. Bravo pour tout. Tes efforts nombreux et assidus ont largement payé et sont grandement récompensés. »

Daniel Wlochovski
« Un grand merci encore pour ce week-end, et bravo pour l'organisation, et cette réalisation. »

Bertrand de Segonzac
« Jacqueline et Marie, belles et émouvantes, journée superbe, organisation parfaite, le plein d'émotion, mais le vent dimanche 18 mai fête de Saint Eric était au repos... et quand la prochaine fête ? »

François Berger
« Ce fut une journée magnifique et intense en émotion. Cette cité de la voile est une grande réussite; je ne crois pas qu'Eric Tabarly aurait fait mieux. Toutes mes félicitations à tous pour le travail accompli. »

Babette Mazet
« J'ai été très heureuse de participer à ce moment magique, émue même. Journée inoubliable pour moi. »

Olivier et Cécile Marmey

« Toutes nos félicitations et remerciements pour cette journée, belle et simple. »

Eric, ce père adopté

par François Corrard, pédiatre

Eric, ce père adopté

"La vie maritime d’Eric n’avait aucun secret pour moi. Je dévorais le moindre article, connaissais par cœur son livre sur sa transat avec Pen Duick II, jubilais à chacune de ses innovations.

Initié très jeune à la voile, Eric emplissait ma vie d’ado, comblait mes rêves d’aventure.

20 ans en 1969. Course Saint Malo-Lorient. Nous arrivons troisième. Eric est sur le ponton, monte à notre bord et instaure une discussion animée. Je bois ses paroles, n’ose intervenir et savoure ces instants irréels. D’autres idolâtrent tel ou tel chanteur en vogue, moi c’est Eric que j’auréole et il est là. Le photographe d’un journal local passe et fixe ces moments (Je suis tout à gauche). Le lendemain, remise des prix. Eric est sur l’estrade, à la table d’honneur. Discours et cocktails, j’attends la fin pour m’approcher de lui le cœur battant, le ventre noué. Tapi parmi les convives qui l’entourent, je guette un instant de disponibilité pour l’accoster. J’ose. Face à lui, je lui dis toute l’importance qu’il représente pour moi et que je souhaite naviguer avec lui. Là, il vissa ses yeux couleur de mer au plus profond des miens. Une éternité de silence. La réponse fut brève : « 9 heures demain matin, ponton H ». Mon cœur explosait. La nuit fut blanche, jubilatoire. A 7 heures, j’étais au rendez-vous. Marée basse, en bas de l’échelle, trois Pen Duick côte à côte. Je me hasardais sur ces coques mythiques. Eric arriva avec sa bande, trapu et souriant. Au programme, convoyage de Pen Duick III vers la Trinité. Enthousiaste, je propose mes services, en particulier pour recevoir le gros sac à voile rouge qu’un équipier enlace de ses bras puissants, là haut sur le quai. En bas sur le pont, je lance, téméraire : « vas-y, envoie ». La masse prit de l’élan, arriva dans mes bras impuissants à la freiner et m’écrasa sur le plat-bord ! Démesure de ce poids, démesure de la circonférence des bras d’Eric, démesure de son agilité animale lorsqu’il escalade le grand mat à mains nus sans retenue de sécurité pour en vérifier la tête.

Eric décida d’aller déjeuner à terre avant d’appareiller. Nous envahissons une voiture vétuste encombrée d’accastillage. Boui-boui dont la chaleur de l’accueil compensait largement la simplicité des lieux. Crabe pour tous, comme d’habitude semble-t-il. Eric m’apprends que le meilleur, c’est la masse brune et molle nichée au fond de chaque côté de la carapace centrale. Leçon retenue et perpétuée depuis. Retour à bord. Nous appareillons, Eric à la barre. 3, 4 virements de bords. Un peu en retrait, j’observe le fonctionnement de cette équipe. A la fin de chaque manœuvre, chacun jette un regard furtif en arrière vers le Maître : son visage détendu, l’orchestration était bonne. Faciès renfrogné, pourrait mieux faire. Pas un éclat de voix, l’autorité naturelle est impressionnante, juste une aura.

Le bord va être long. Tout l’équipage se regroupe autour du cockpit. Eric entame le répertoire d’Edith Piaf ; « Mon bonheur à moi, c’est toi ….. » J’adhère, subjugué par autant de quiétude, de puissance tranquille. Les refrains sont largement repris.

Eric me passe la barre, un petit manche de bois assez rustique que je trouve assez difficile à tenir. Réglage du trimmer.

Nous contournons la pointe de Quiberon. Eric décide de passer au plus court. Virement de bord. Je suis au winch, pour border un grand génois. Je termine très essoufflé. Eric regarde ses amers. Deuxième virement immédiat. Je reprends la manivelle. Je donne tout. Impossible d’aller jusqu’au bout ; asphyxié, je cède ma place à une montagne de muscles. Eric frôle les cailloux, revire une troisième fois. J’assiste hagard à la manœuvre, exécutée sans la moindre plainte.

Eric fait partie de ces hommes qui ouvrent des sillages, qui forcent les préjugés avec pour seul outil la conviction, comme si tout cela était tout simplement naturel.

Il y a des pères génétiques, il y a des pères qu’on adopte. Pour moi, il est ancré dans ma généalogie. Il m’a aidé à construire ma vie. Reconnaissance infinie."

 

Avril 2008